Vieux-Prévost

Maisons et chalets du Vieux-Prévost. À gauche, les terrains de tennis du Bridge House vers 1930 - Collection Guy Thibault
Maisons et chalets du Vieux-Prévost. À gauche, les terrains de tennis du Bridge House vers 1930 - Collection Guy Thibault

Habité durant le 19e siècle, le territoire de Prévost est municipalisé le 30 septembre 1927, à partir de lots de Saint-Sauveur et de Saint-Jérôme. Sa vocation agricole, implantée lors de la colonisation, se maintient, surtout le long de l’actuelle montée Sainte-Thérèse, appelée aussi côte à Boucane[1] au XIXe siècle. La tradition orale explique ce nom selon deux théories. Un certain Walter Buchanan y aurait eu une terre dès 1820. La prononciation en français a transformé le nom anglophone de ce colon par « boucane ». Selon une autre source, c’est la fumée des cheminées qui monte au ciel en hiver qui lui vaut cette dénomination. Plus tard, cette route a aussi pris le nom de montée Blondin en l’honneur de cette famille qui y possédait des terres.

Le 20e siècle permet cependant le développement de la villégiature dans le secteur, notamment grâce à la pureté de son air et à la fraîcheur des eaux de la rivière du Nord. La famille Morin développe leur terre en ce sens. Ils vendent des terrains et construisent des chalets pour en faire la location. D’autres, comme Onésime Haché, les imiteront. Une plage est aménagée et les jeunes du Vieux-Prévost voient à son entretien. L’hiver, les pistes de ski de fond et de descente sont de plus en plus fréquentées à mesure que les deux réseaux ferroviaires du Canadien National et du Canadien Pacifique permettent aux sportifs de venir y glisser.

Bien qu’il y ait peu de résidents à l’année, le petit noyau villageois est très animé en été. Il accueille de nombreuses familles juives venues y passer leurs vacances. Sa popularité est telle que selon le procès-verbal d’une réunion du conseil municipal tenue le 6 juillet 1959, seulement 16 des 220 maisons du secteur sont habitées à l’année. Ces résidences, dont certaines luxueuses, comprennent des chalets construits et loués, notamment par la famille Morin et celle d’Onésime Haché. L’été surtout, des milliers de gens se retrouvent les fins de semaine au cœur du village, profitant de l’abondance des produits et services offerts. La communauté juive anglophone avait fait construire une synagogue, deux magasins généraux (Hammerman et Bishinsky), un cinéma (Hammerman), une salle de danse, un restaurant et une boucherie. On y trouve même un marché. Évidemment, la population locale, plutôt francophone, fréquente aussi ces établissements.Des hôtels et des maisons de pension, telles que le Bridge House et le Riverside House, ouvrent leur porte pour accueillir les villégiateurs.

Les premières rues du Vieux-Prévost sont généralement de 30 à 40 pieds de largeur (environ 12 mètres). Dès 1957, elles sont élargies jusqu’à 60 pieds afin de permettre le passage simultané de deux voitures. Elles sont d’abord désignées par commodité d’après les aspects géographiques ou les invidivus qui les développent sur leurs terres. C’est le cas par exemple des rues de la Montagne et Ovila-Filion. Les registres municipaux mentionnent qu’une verbalisation plus précise en est faite en 1943, puis en 1947. Cependant, les rues ne prennent leur nom officiel qu’en 1961, année où des numéros sont aussi apposés sur les maisons.

Certains propriétaires développement sur leurs terres un réseau d’aqueduc privé, souvent mis à la disposition des chalets loués aux villégiateurs. Lors de la création du village en 1927, les services d’aqueduc de Morin sont complétés par ceux de Zénon Cyr, qui recueillait l’eau de surface. Toutefois, dès 1938, leur approvisionnement ne peut suivre la demande durant la période estivale, alors que la population est fortement augmentée par la présence des vacanciers. Finalement, le réseau est raccordé à celui de Shawbridge en 1957 afin de régler le problème.

Garage, école, bureau de poste, magasin général et marché public assurent l’essentiel des services à Prévost, et des industries telles qu’un abattoir de poulets, une usine de teinture de plumes et de production de fleurs en serre ainsi qu’un moulin à bois contribuent à l’économie locale. Toutefois, dans les années 1960, la pollution de la rivière du Nord, empêchant la baignade, et la construction de l’autoroute des Laurentides, qui bloque l’accès aux pentes de ski, font baisser l’achalandage de Prévost et mettent fin à l’attrait touristique du secteur. Toutefois, bien qu’en moins grand nombre, les villégiateurs continuent à venir dans ce secteur. En 1972, le conseil municipal compte à 300 personnes le nombre de résidents, nombre qui s’élève à 650 touristes durant l’année.

Dès 1970, la question d’une éventuelle fusion avec les deux villages voisins est discutée par le conseil municipal. Tout comme Lesage, la population de Prévost est majoritairement francophone, contrairement à Shawbridge qui possède un bassin de citoyens anglophones. Le 20 janvier 1973, les villages fusionnent sous le nom de Corporation municipale de Shawbridge, malgré des oppositions au sein de la population. Le choix du nom de la future municipalité, ou plus particulièrement de la langue choisie, a d’ailleurs fait couler bien de l’encre. Finalement, le vocable change pour Prévost en 1977.

[1] Ce nom est attesté sur quelques cartes anciennes.

Soumettre une photo

Soumettre une photo

    Identification de la personne qui identifie la photo :

    Identification de la photo soumise :

    Secteur concerné


    [recaptcha]

    Identifiez une photo

    Identifiez une photo

      Identification de la personne qui identifie la photo :

      Identification de la photo :

      Secteur concerné

      [recaptcha]