L'engagement de Francine Mathieu dans le travail artistique date de plus de quarante ans, mais il a suivi un parcours assez particulier. Un cours en art commercial la conduisait, au début des années 70, à des travaux d'illustration en littérature jeunesse, alors que la fréquentation de l'atelier du frère Jérôme lui faisait découvrir la peinture automatiste. Suivait un arrêt d'une quinzaine d'années consacrées, d'une part, à la production d'une dizaine d'ouvrages en littérature jeunesse comme auteure et comme illustratrice et, d'autre part, à des études en psychologie. C'est après l'obtention de son doctorat en psychologie que, tout en poursuivant son travail clinique, elle revenait aux arts visuels en étudiant le dessin et la peinture au Centre des arts visuels et au Centre des arts Saidye Bronfman. C'est là également qu'elle s'initiait aux techniques de gravure : lithographie et collagraphie. Elle s'est alors consacrée à la gravure et tout particulièrement au monotype sous presse, sans pour autant négliger la peinture. Au cœur de sa recherche actuelle prime l'exploration de nombreuses techniques et l'emploi de papiers fait main pour construire peintures et collages sur toile et sur panneau de bois. Artiste multidisciplinaire, elle poursuit également des travaux d'écriture.
La démarche artistique de Francine Mathieu est orientée vers l'exploration à tous les niveaux : celui des techniques employées, celui des supports, des matériaux, des outils (il lui arrive régulièrement de créer les outils dont elle a besoin). En accumulant découvertes et expériences, le but est de créer un nouvel ordre des choses, toujours mouvant. L'influence de la gravure lui fait choisir de préférence un support permettant à la fois, ajouts et retraits. Bois et cartons se prêtent bien à cette démarche. La toile enrichie de plusieurs épaisseurs, également. Il s'agit d'un travail à la fois très spontané et très conduit. La réalisation d'une œuvre débute par l'exécution d'un fond qui deviendra la principale source de lumière. Il s'agit généralement d'une couleur très pâle, souvent du jaune, sur laquelle elle peint un deuxième fond abstrait. C'est l'étape du geste libre, automatiste et, en même temps, celui du plaisir très sensuel de s'enfoncer dans la couleur et le mouvement. La troisième étape en est une de recherche et de sens, de construction. Le support est traité comme une matrice de collagraphie. Il y a ajouts de certains éléments et retraits de certains autres à l'aide de l'X-acto. On pourrait dire aussi que c'est l'étape texture. L'œuvre est ainsi construite par couches successives en incluant des rapaillages divers : des éléments de gravures ou de monotypes aussi bien que des éléments nouveaux réalisés à l'aide de techniques mixtes (crayons, pastels, bâtons à l'huile, peinture sur soie, encres d'impression). Le résultat obtenu devient à la fois une solution et une nouvelle exploration de la gamme infinie des possibles.
Exposition Encres, papiers, ciseaux, au Centre d'art La Salamandre à Montréal, 2009.
Exposition Les bleus en mars, à la Galerie Ouest de Sainte-Anne-de-Bellevue, 2010.
Réalisation de la toile Somewhere in Time (166 x 152 cm). Mettant en scène la famille de l'artiste, 2014-2015 - Exposition à venir.
Deux projets d'exposition en cours :
L'échappée belle réunit une trentaine d'œuvres s'échelonnant de 2010 à 2016 et explore les rapports existants entre enfermement et liberté tant au niveau du contenu qu'à celui de la forme.
Poèmes etc. s'articule autour d'une vingtaine de poèmes écrits par l'artiste et intégrés dans les tableaux formant le corpus de l'exposition.
En projet également, co-scénarisation du documentaire Un monde sans art, sur le thème du rôle essentiel de l'artiste dans la société.