En 1876, le rêve du curé Antoine Labelle se réalise : le chemin de fer relie Saint-Jérôme à Montréal. Toutefois, son projet ne s’arrête pas là : il souhaite que le train poursuive sa route dans le nord des Laurentides. Dès 1892, le chemin de fer relie Saint-Jérôme à Sainte Agathe et effectue un arrêt à Shawbridge. Le P’tit train du Nord sert d’abord à la livraison du courrier et des marchandises, mais aussi au transport des passagers. En 1898, une gare est construite sur un terrain de la famille Shaw, qui en a fait don au Canadian Pacific Railway à la condition qu’un membre de sa famille soit toujours à l’emploi de leur entreprise. C’est ainsi que Georgina Shaw devient la première femme « station agent » en 1907, et ce jusqu’en 1944.
En 1917, devant l’importance que prend le train, une section servant de dépôt de marchandises est ajoutée. Depuis cette époque, l’édifice est d’une longueur de 87 pieds et d’une largeur de 16 pieds, construit avec du bois provenant de l’Ouest canadien. Dans ses années glorieuses, le P’tit Train du Nord transporte des dizaines de milliers de passagers chaque année, principalement des vacanciers venus skier, se baigner ou simplement respirer l’air pur laurentien. Plusieurs se rendent aussi vers la municipalité voisine de Saint-Hippolyte afin de profiter de ses lacs, ses hôtels et ses pentes de ski. À l’époque, les voyageurs patientaient à la gare sur un long trottoir recouvert, qui les tenait à l’abri des intempéries.
La gare est fermée puis abandonnée en 1972, après l’arrêt du service par le Canadien Pacifique. Malgré la prise en main des services par VIA Rail en 1978, le service de passagers entre Montréal et Mont-Laurier est abandonné de manière définitive en 1981; puis le transport de marchandises en 1989.
À la suite de cette décision, la plupart des gares des Laurentides seront démolies si ce n’est pas déjà fait, comme à Lesage. Un mouvement de mobilisation se met en place et en 1986, il est question de sauvegarder plusieurs gares logées le long de l’emprise ferroviaire du CP, et non seulement celle de Shawbridge. L’idée de valoriser le patrimoine émerge. Un premier groupe de bénévoles réalise une corvée de nettoyage. Néanmoins, face aux coûts importants d’une rénovation, le conseil municipal songe à accorder le permis de démolition au CP. Les citoyens continuent de faire des pressions pour sauver la gare, ce qui mène à la signature d’un bail entre la Ville et le CP. Grâce à l’obtention de subventions, de nombreuses équipes, souvent bénévoles, se relayent pour la réfection de la toiture, le décapage et la peinture des murs, la réparation des fondations, de la plomberie et du système électrique, le renforcement du plancher et des murs intérieurs, etc. La Ville acquiert finalement la gare, qui après plusieurs projets de rénovation, retourne à la collectivité.
De nombreuses activités culturelles, sportives et communautaires s’y déroulent. Le symposium de peinture de Prévost y est présenté de 1998 à 2019. On propose également des spectacles ou des événements communautaires, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Des bureaux et salles de réunion sont offerts aux organismes. Un petit comptoir alimentaire accueille les skieurs, les cyclistes ou les marcheurs qui s’arrêtent à la gare pour s’y reposer. Depuis 2020, le Parc linéaire Le P’tit Train du Nord occupe une grande partie de l’espace disponible.